La finance responsable pour les particuliers

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4/8/2021
La finance responsable pour les particuliers

Dans cet article nous traitons de la finance responsable et des ses déclinaisons possibles pour les particuliers :

  • Les banques vertes traditionnelles ;
  • Les néo-banques vertes ;
  • Le financement des coopératives ;
  • Le financement participatif.

Le financement responsable est un concept assez large qui regroupe les efforts des collectivités, entreprises et particuliers pour rediriger les flux de financements vers des activités plus vertueuses au niveau environnemental, social et sociétal. La prise de conscience croissante de l’impact de l’épargne et des investissements privés et publics sur l’orientation de l’économie ainsi que les récentes évolutions du numérique et du digital permettent un fort développement des solutions de financement responsable. Tant pour les entreprises comme les banques et les assurances que pour les particuliers qui souhaitent avoir une épargne responsable.

Pour les particuliers il existe plusieurs options d’épargne et d’investissement responsables. Les principales sont les suivantes : les banques et néo-banques vertes, le financement ISR / ESG, le financement des coopératives et le financement participatif.

On ne rentrera pas ici dans le détail des différentes options d’investissement ISR / ESG puisqu’on souhaite se focaliser sur les offres de banques vertes et des options de finance responsable se différenciant des modèles classiques. Pour ce qui est de ce sujet ISR / ESG, sachez que de nombreux fonds sont disponibles via votre PEA, votre assurance-vie ou en direct. Pour ces fonds et ces produits, différents labels existent (ISR, Greenfin, Finansol) pour garantir leur éthique et impact environnemental ou social, nous vous invitons à vous pencher sur ces différents labels de la finance durable et leur signification.

Les banques vertes traditionnelles : premier pas vers la finance responsable

Banques et finance responsables : irréconciliable oxymore ?

Banques et finance responsable, est-ce deux éléments qui vont ensemble ? Entre 2016 et 2020, le soutien de certaines banques françaises (Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale et groupe BPCE) au financement des énergies fossiles a augmenté de 18% par an selon Les Amis de la Terre. Et en 2020, BNP Paribas, Société Générale et le Crédit Agricole appartiennent au top 20 des “20 plus gros financeurs mondiaux de l’expansion des énergies fossiles”. Et c’est avec notre épargne que ces banques peuvent financer de tels projets. Cette statistique en dit long sur l’impact de nos choix d’épargne pour le climat. Si la Banque Postale tire son épingle du jeu avec des efforts importants depuis 2018, le reste des banques traditionnelles peine à mettre en avant un financement responsable. Et la sentence est la même pour les néo-banques du type Boursorama, ING Direct ou HelloBank! qui sont rattachées aux grands groupes bancaires préalablement cités.

L’épargne responsable grâce aux banques vertes

L’épargne responsable est-elle possible dans les banques traditionnelles ? Oui et ce grâce à deux acteurs qui sortent du lot : Le Crédit Coopératif et la Nef, seuls organismes bancaires français membres de la FEBEA (Fédération Européenne de Finances et Banques Ethiques et Alternatives) créée en 2001 à Bruxelles.

La NEF, banque verte et actrice de la finance solidaire, propose un compte épargne et la possibilité de prendre des parts dans la société coopérative. Cette banque mise tout sur la transparence et la traçabilité et ne finance que des projets à forte portée culturelle, sociale ou écologique. Malheureusement, son offre est limitée et elle ne donne pas la possibilité d’ouvrir un compte courant pour les particuliers car elle n’a pas l’agrément bancaire.

Le Crédit coopératif quant à lui a bien l’agrément bancaire et propose donc compte courant et livret épargne. Elle annonce ne pas diriger ses investissements vers les activités d’extraction et de première transformation du pétrole, du gaz naturel et du charbon ainsi que les activités de production d’énergie nucléaire. Les intérêts touchés peuvent être reversés directement à une liste d’association. Cependant il est important de savoir que le Crédit Coopératif appartient au groupe BPCE, ce qui limite son autonomie financière.

Si on se demande quelle est la banque la plus éthique, on peut donc nommer la NEF en première position et ensuite le Crédit Coopératif. Avec une mention pour La Banque Postale qui propose des produits financiers responsables dans son éventail de services. Cependant ces banques ont le désavantage d’avoir des modèles traditionnels, moins réactifs et digitaux que les néo-banques qui sont de plus en plus nombreuses sur le marché bancaire et dans la finance responsable.

Une plateforme pétrolière au soleil couchant
Le genre de machine que beaucoup de banques traditionnelles financent…

Les néo-banques vertes, une autre option de finance responsable

Une nouvelle tendance pour la finance responsable

Face à l’immobilisme et à la difficile transition vers le digital de certaines banques, de nombreux acteurs se sont lancés dans le secteur des néo-banques. Les services 100% en ligne sont souvent moins chers que dans les banques traditionnelles et les applications mobiles créées sont plus pratiques pour les transactions du quotidien. Ces néo-banques n’ayant pas l’agrément bancaire, elles doivent être rattachées à une banque traditionnelle. Officiellement ce sont des « Agents prestataires de services de paiement ».

Depuis quelques années, de nouvelles initiatives apparaissent : les néo-banques vertes. Ces dernières allient la flexibilité, la praticité et l’accessibilité des néo-banques avec l’engagement écologique des banques vertes. Cela passe par des choix de financement reconnus ISR, par une transparence et traçabilité maximum des transactions et par un engagement de l’entreprise dans des pratiques vertueuses pour l’environnement.

Des acteurs de l’épargne durable et digitale qui se comptent encore sur les doigts d’une main

Parmi les acteurs qui émergent, on en retrouve trois principaux Helios, Green Got et Only One Card.

Prenons ici l’exemple d’Only One. Cette néo-banque travaille en partenariat avec Treezor, la filiale Fintech de la Société Générale. Elle propose une offre de compte courant (sans chéquiers ni découverts possibles) à 6€ par mois.

La néo-banque propose trois actions spécifiques en faveur de l’environnement :

  • L’entreprise reverse mensuellement l’équivalent 10% de son CA à Unitlife (fonds des Nations Unies) afin de lutter contre la malnutrition chronique. Le premier projet financé est celui de femmes agricultrices au Niger ;
  • Afin d’agir en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, l’intégralité des revenus de vos transactions, versés par les commerçants, finance des projets de protection de la biodiversité ;
  • L’application recense des entreprises soigneusement sélectionnées pour leur impact environnemental et/ou sociétal et des services financiers et de la vie quotidienne afin de dépenser, investir ou épargner de façon éthique.
  • Enfin l’application propose une estimation de l’empreinte carbone de vos épargnes et de vos dépenses.
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La finance responsable, l’alternative du financement des coopératives

Devenir sociétaire d’une coopérative, une solution intéressante

Placer son épargne et être dans le financement durable n’implique pas forcément de passer par le marché bancaire ! Il existe aujourd’hui de multiples solutions pour sortir son argent du système financier et soutenir des actions concrètes.

Par exemple, il est possible d’investir dans des coopératives et en devenir sociétaire. Les coopératives deviennent de plus en plus nombreuses dans le paysage économique français et sont une option intéressante de finance responsable. Elles sont présentes dans de nombreux secteurs, cela va du supermarché au secteur de l’énergie, en passant par les banques ou les sociétés de transport.

Les nouvelles coopératives que l’on retrouve souvent sous forme de SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) se distinguent d’une entreprise classique par deux éléments : premièrement, leur gouvernance partagée et démocratique qui permet aux citoyens de prendre part aux décisions des entreprises. En effet, celles-ci appartiennent à leurs sociétaires : clients, partenaires, personnes morales, collectivités territoriales, etc. Deuxième élément : ce sont des modèles d’entreprises basées sur la lucrativité limitée. Cela veut dire que le premier objectif n’est pas le profit, mais plutôt des enjeux de transition écologique et sociale.

Devenir sociétaire d’une SCIC se fait en achetant une ou plusieurs parts sociales. Chaque part vous donne le droit à une voix dans les prises de décisions stratégiques de l’entreprise. Cet acte de financement responsable vous fait jouer un rôle actif dans l’économie sociale, solidaire et écologique de demain. Concernant le retour sur investissement, les montants investis sont souvent déductibles à hauteur de 25% de l’impôt sur le revenu sous réserve de les conserver pendant 5 ans (ou 7 ans selon les cas). Cette déduction place l’investissement dans la coopérative comme une alternative très avantageuse aux placements tels que Livret A ou Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) avec un rendement à 5 ans de 5% par an.

Le mouvement des Licoornes : épargner durablement dans un modèle engagé

Si vous vous demandez dans quelles coopératives investir, vous pouvez en retrouver certaines qui se sont regroupées sous le nom des Licoornes (petit pied de nez au monde des start-up et des valorisations à plusieurs milliards). Cette alliance regroupe 9 coopératives qui ont voulu s’unir sur une plateforme digitale afin de rendre plus simple le choix de l’économie solidaire et coopérative pour les particulier·ères.

Voici la liste des 9 coopératives présentes sur la plateforme :

  • Citiz, le premier réseau coopératif d’autopartage,
  • Commown, fournisseur d’appareil électronique éco-conçus et de services pour lutter contre l’obsolescence prématurée,
  • Coopcircuits, plateforme coopérative opensource pour vendre et acheter en circuit court des produits locaux, directeur producteur, biologiques et éthiques,
  • Enercoop, fournisseur d’électricité verte,
  • Emmaüs, site de e-commerce solidaire,
  • Mobicoop, coopérative de mobilité partagée,
  • La Nef, une banque éthique qui finance exclusivement des produits ayant une utilité sociale, écologique ou culturelle,
  • Railcoop, opérateur qui veut relancer les petites lignes de trains abandonnées,
  • Telecoop, premier opérateur télécom coopératif engagé dans la transition écologique et solidaire.
Licoornes : nous sommes la norme de demain

Le financement participatif, la finance responsable accessible à tous et toutes

Dernière option présentée ici pour un financement responsable et éthique hors circuits bancaires : le financement participatif. Appelé aussi crowfunding, ce mode de financement est plébiscité par les jeunes marques qui se lancent et par les projets à portée sociale et environnementale.

Le principe est simple : la personne en demande de financement présente son projet sur une plateforme via des photos, une vidéo, du texte, etc. Elle présente également l’utilisation prévue des fonds récoltés par la campagne de crowdfunding. En général, le projet propose des contreparties en échange des dons reçus. Vous pouvez ainsi recevoir un livre, une visite, des produits, une rencontre avec les fondateur·rices, votre nom gravé dans le banc de l’accueil, une planche de fleurs à votre nom et ainsi de suite !

Si l’objectif de collecte n’est pas atteint, alors l’argent est reversé à chacun et chacune. Les plateformes se rémunèrent par des commissions auprès des porteurs de projets et plus rarement elles facturent des frais à l’investisseur·se.

Le plafond de collecte sur les plateformes de financement participatif est fixé à 2,5 millions d’euros. Comme tout investissement, le crowdfunding peut provoquer un risque de perte totale ou partielle du capital investi ou des fonds prêtés. Il convient donc d’évaluer les risques avant d’investir.

Si le crowdfunding est plus connu sous forme de don contre contrepartie, il existe également sous forme de prêt et même d’investissement en capital, d’où sa place dans un article sur la finance responsable.

Pour tout prêt et investissement nous vous conseillons de prendre le temps de comprendre le projet, les modalités de sorties ou de remboursement, les garanties de suivi de l’exécution du projet ainsi que la fiabilité de la plateforme utilisée.

Les principaux acteurs du crowdfunding en France sont Kiss Kiss Bank Bank et Ulule. Dans le domaine du crowdfunding agricole on retrouve Miimosa, Bluebees et Agrilend. Dans le crowdfunding sous forme d’investissement on retrouve Lita.co et à nouveau Miimosa.

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Récolter les contributions de chacun et chacune pour faire pousser un projet à impact positif !

Le financement responsable pour les particuliers est une option de plus en plus simple et diversifiée en France. De nombreux acteurs émergent pour permettre de placer son argent (petites ou grosses sommes) dans des activités qui ont un impact positif pour la planète et l’humain. Le tout est de savoir quel type d’activités on souhaite promouvoir, quels risques on est prêt à prendre avec son épargne et quel retour sur investissement minimum on souhaite recevoir. À mi-chemin entre le financement participatif et le financement de coopératives, il y a aussi la possibilité de continuer à explorer des modèles différents en finançant directement des projets spécifiques comme celui de Time For The Planet ou encore plus particulièrement en agriculture l’investissement dans les terres agricoles pour faciliter l’émergence de fermes en agro-écologie via des acteurs comme Terre de Liens ou Fermes En ViE.

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