L'agriculture "bas carbone" cherche à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en augmentant la capacité des sols à stocker du carbone. Les sols captent le carbone des végétaux, qui absorbent le CO2 lors de la photosynthèse. En intégrant et décomposant les résidus végétaux, les sols s'enrichissent en matière organique, ce qui est crucial pour la fertilité et la régulation du CO2.
Cependant, ce carbone peut être relâché en fonction des pratiques agricoles, du climat et de l’activité biologique des sols. Pour le stocker durablement, des pratiques comme la rotation des cultures, l'utilisation de couverts végétaux et la réduction du travail du sol sont essentielles. (Sources : Stockage du carbone dans les sols et réchauffement climatique ; INRAE - Stocker du carbone dans les sols français - Pellerin et al.,)
L'agriculture, bien qu’étant un secteur émetteur significatif de gaz à effet de serre (19 % des émissions françaises en 2019, soit le deuxième secteur d'émission national), joue également un rôle crucial dans la séquestration du carbone. C'est un levier incontournable dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Parmi les initiatives phares dans ce domaine, on trouve le programme "4 pour 1000", lancé lors de la COP21 en 2015. Cette initiative encourage une augmentation annuelle du stock de carbone dans les sols de 4 ‰ (4 pour 1000), afin de compenser la hausse du CO2 atmosphérique. Des études, notamment celles menées par l'INRAE, ont montré que les sols agricoles et forestiers en France possèdent un fort potentiel de stockage additionnel, en particulier dans les grandes cultures, où les stocks actuels sont faibles.
Pour suivre et évaluer ce stockage, des modèles comme Simeos AMG sont utilisés. Ces outils permettent de quantifier le carbone stocké et, par extension, de générer des crédits carbone. Chaque tonne de carbone séquestrée dans le sol peut ainsi être transformée en un crédit carbone, offrant une double opportunité : contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en générant des revenus pour les agriculteurs grâce à des mécanismes de financement. (Oui oui, vous avez bien lu ! On vous explique plus bas 😉)
Pour répondre à ce besoin de suivi, de nombreux cadres de certification ont vu le jour, qu'ils soient internationaux (par exemple : Gold Standard, Verra, REDD+), nationaux, publics ou privés, chacun avec ses propres méthodes pour calculer les réductions d'empreinte carbone.
En France, le Label Bas Carbone, instauré en 2018 par le Ministère de la Transition Écologique et l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), vise à soutenir la lutte contre le changement climatique. Ce label a été conçu dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), avec pour objectif d'encourager et de certifier des projets de réduction des émissions de GES à l’échelle locale. Il ne s’agit pas seulement de compenser les émissions de carbone, mais aussi de modifier durablement les pratiques agricoles et d'encourager les investissements dans des méthodes plus durables, contribuant ainsi à la décarbonisation de l'économie française.
Le Label Bas Carbone se distingue des autres standards internationaux par son ancrage local et sa contribution directe aux objectifs climatiques nationaux. Il offre une certification fiable et reconnue, avec des méthodologies rigoureuses adaptées aux spécificités du territoire français, renforçant ainsi sa crédibilité auprès des porteurs de projets et des financeurs (Etude comparée des standards de compensation existants). Contrairement à certains projets internationaux critiqués pour leur greenwashing et leurs impacts limités, voire négatifs, sur le carbone, le Label Bas Carbone veille à éviter ces dérives tout en prenant en compte la biodiversité et les populations locales (Scandale des Crédits Carbone VERRA)(Sources : Label Bas Carbone ; Label Bas Carbone)
Il convient de noter qu’il existe actuellement six méthodes approuvées par la DGEC dans le cadre du Label Bas Carbone, dont la méthode dédiée aux Grandes cultures, développée par Arvalis, Terres Inovia, l'ITB, l'ARTB et Agrosolutions. Cette méthode utilise notamment le modèle SIMEOS-AMG précédemment cité pour le bilan humique.
Le principe est simple : les programmes bas carbone proposent des incitations financières sous forme de crédits carbone aux agriculteurs qui adoptent des pratiques durables, générant ainsi une nouvelle source de revenus. Ces programmes sont conçus pour accompagner les agriculteurs sur les plans technique et financier dans leur transition vers des pratiques agro-écologiques.
Chez FEVE, nous sommes fermement convaincus que la transition vers des pratiques agricoles durables est non seulement nécessaire mais également bénéfique pour les agriculteurs et l'environnement. D'autant plus que le cœur des pratiques agricoles dites “stockantes” (Agriculture Régénératrice, Agriculture biologique de conservation des sols) se rapproche en tout point de notre charte agroécologique. Cette transition, bien que complexe et exigeant du temps, offre de nombreux avantages. Elle permet notamment d'enrichir les sols en matière organique, d'améliorer leur capacité à retenir l'eau, de réduire les charges opérationnelles tout en maintenant de bons rendements, et surtout, de renforcer la résilience du système agricole face aux aléas climatiques.
Cependant, nous reconnaissons que cette transition peut être complexe à mettre en œuvre, en raison des défis agronomiques et des spécificités de chaque environnement agro-climatique. C'est pourquoi un petit « coup de pouce » est souvent nécessaire, surtout pour des agriculteurs venant de s’installer. C’est là que les programmes bas carbone prennent tout leur sens :
Bien que ces programmes soient extrêmement prometteurs, nous tenons à rester transparents : ils ne suffisent pas encore à valoriser pleinement les services écosystémiques rendus, ni à financer entièrement la transition (on parle d’environ 150€ par hectare en France comme coût de la transition). Par ailleurs, le service rendu à la société via le stockage de carbone est évalué à un montant spécifique par tonne de carbone stocké, mais nous sommes encore loin de la valorisation adéquate.
Il est également important de souligner certains points de vigilance concernant le Label Bas Carbone. Tout d'abord, les ateliers éligibles restent limités, les méthodes les plus couramment employées étant principalement axées sur la foresterie, les vergers et les grandes cultures. De plus, il peut être difficile de rentabiliser un programme pour les exploitations de petite taille, car la couverture des coûts est moins efficace en dessous d'une certaine surface. Enfin, le label se concentre essentiellement sur le carbone, bien qu'il commence à intégrer progressivement les co-bénéfices liés à l'écosystème.
Depuis son lancement en 2019, le Label Bas Carbone a montré sa valeur et continue d’évoluer. Chez FEVE, nous croyons fortement que ce dispositif est un atout essentiel pour soutenir les agriculteurs dans leur transition vers des pratiques agroécologiques. En facilitant l’adoption de méthodes durables et en renforçant les synergies locales, le label aide à concrétiser notre engagement en faveur d’une agriculture plus résiliente et durable.
Maintenant que nous avons exploré le fonctionnement technique, la méthodologie et les bénéfices des projets Label Bas Carbone, concentrons-nous sur les mécanismes de la contribution carbone et comment en tant qu’entreprise vous pouvez financer ce genre de projets.
L’accord de Paris, signé lors de la COP 21 en décembre 2015, a fixé un objectif ambitieux : limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Pour y parvenir, chaque pays doit publier sa Contribution Nationale Déterminée (NDC), détaillant les mesures pour réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre (GES). L’objectif mondial de neutralité carbone d’ici 2050 nécessite un équilibre entre les émissions et les puits de carbone naturels tels que les forêts, les terres agricoles et les océans. (Sources : https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris)
En France, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) précise les objectifs nécessaires pour atteindre cette neutralité d'ici 2050 : diviser par six les émissions territoriales et doubler la capacité des puits de carbone. La SNBC appelle ainsi toutes les parties prenantes, y compris les entreprises, à jouer un rôle actif. (Sources : Feuille de route SNBC)
En somme, pour les entreprises, intégrer une démarche bas carbone dans leur stratégie de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est essentiel pour contribuer de manière substantielle à la lutte contre le changement climatique. Cette démarche, recommandée par l'ADEME, repose sur une approche en trois étapes clés : évaluer les émissions, élaborer une stratégie de réduction des émissions et financer des projets de séquestration carbone pour contribuer à la neutralité carbone globale (voir notamment le référentiel pour une neutralité carbone du NZI).
A noter qu’elle est aussi règlementaire comme on le voit notamment avec la CSRD au niveau européen, entrant progressivement en vigueur à partir de cette année, ainsi que les divers standards internationaux pour le reporting des émissions (GHG Protocol, Norme ISO 14064-1).
J’ai déjà bien défini ma stratégie RSE avec mon bilan carbone et la mise en place de réduction des émissions dans ma chaîne de valeur ! Que dois je faire maintenant ? Acheter des crédits carbone FEVE pardi !
En effet, l’augmentation des puits de carbone se fait généralement via l’achat de crédits carbone. On rappelle que ces crédits ne doivent pas remplacer les efforts de réduction des émissions internes d'une entreprise, mais les compléter. En d'autres termes, la contribution carbone est une démarche volontaire visant à soutenir des projets externes de réduction des GES, et non une alternative aux efforts internes de réduction.
En parlant de “volontaire”, il est aussi important de faire la distinction entre la contribution carbone qui permet aux entreprises, collectivités ou individus de financer des projets de réduction ou de séquestration des émissions de GES qui ne relèvent pas directement de leur chaîne de valeur et les quotas d'émission qui sont imposés par la législation et font partie des systèmes de plafonnement et d'échange de droits d'émission (ETS), tels que ceux appliqués par l'Union Européenne.
Ceci étant dit, vous êtes armés pour sélectionner le bon projet et ne pas tomber dans le panneau du greenwashing ! Mais que choisir parmi la myriade de projets de contribution ? Voici quelques éléments à considérer pour sélectionner des projets efficaces et alignés avec votre stratégie.
1. Priorisez la qualité et la durabilité - Les projets doivent capter le carbone de manière efficace tout en ayant des co-bénéfices concrets (pour la biodiversité, la qualité de l’eau et de l’air, par exemple). Assurez-vous que le projet offre des avantages environnementaux et sociétaux tangibles et mesurables.
2. Conformité et certification - Choisissez des projets conformes aux normes internationales et certifiés par des organismes indépendants (comme le Label Bas Carbone). Selon l’Initiative de suivi du marché du carbone, seulement 20% des projets sur le marché respectent ces normes élevées, garantissant une réelle efficacité environnementale. Cela vous évite d’investir dans des initiatives non durables ou inefficaces.
3. Adéquation avec les objectifs de l’entreprise - Les projets doivent s'aligner avec les valeurs et les objectifs de votre entreprise. Par exemple, une entreprise ayant pour objectif de réduire son empreinte carbone de 30% d’ici 2030 doit privilégier des projets qui apportent une contribution significative à cet objectif. Examinez la localisation, la technologie utilisée et le potentiel du projet à soutenir vos cibles de développement durable.
4. Transparence et gouvernance - La transparence dans la sélection et le suivi des projets est cruciale. Mettez en place des mécanismes de suivi et de reporting pour communiquer sur les progrès et les impacts obtenus. Ce type de suivi améliore la confiance des parties prenantes et renforce la crédibilité de votre entreprise, démontrant ainsi un engagement réel envers une stratégie de contribution carbone responsable.
Pour conclure, FEVE a choisi de s’investir dans le financement de projets bas carbone dans le cadre du Label Bas Carbone. Pourquoi ?
Ainsi, en contribuant aux projets FEVE labélisés bas carbone, les entreprises participent non seulement à la transition agroécologique, mais aussi au financement d’une nouvelle génération d’agriculteurs engagés dans des pratiques agricoles vertueuses sur les plans social et environnemental. Vous investissez dans des projets agricoles locaux à fort impact, avec la preuve tangible de leur contribution à la protection de l’environnement !
Choisissez la newsletter qui vous convient le mieux :